L'histoire de mes Championnats du Monde

Tout commence en 2000 avec la saison de Field Trial d’automne (communément appelée gibier tiré).

Mon équipe de Braque allemand ; Drahthaar a été excellente et s’est placée au meilleur niveau. Pour ma première saison en tant que dresseur professionnel, c’est une réussite.

Il y a donc une certitude, j’aurai des chiens à présenter aux sélections de club de race en vue des championnats du Monde 2001.

Le règlement en est le suivant : chaque club de race demande aux 15 meilleurs chiens de l’année précédente de se confronter sur le terrain (présélection), et à l’issue, en retient 4, qui eux iront à la sélection de la société Canine se mesurer aux chiens retenus dans les autres races, afin de former ainsi, l’équipe de France qui est composée des 4 meilleurs chiens Français toute races confondues. Cette équipe de France affrontera les autres nations.

En tant que jeune dresseur professionnel, c’est pour moi d’une grande importance que de participer à cette présélection,  cela va concrétiser mon travail, et  confirmer également à mes clients, qu’ils ont raison de me faire confiance pour le dressage de leur chien, mais aussi pour leur préparation et présentation en Field Trial.

Mais l’heure n’est pas à cette présélection, puisque nous sommes en novembre 2000 et que ces épreuves auront lieu en octobre 2001.

Entre temps, la réglementation se durcit, et la Société Centrale Canine impose que les chiens aient obtenus 2 classements « excellent » en concours de couple pour faire partie de la sélection. Cela réduit considérablement le nombre de chiens en liste, car cette exigence, privilégie les vieux chiens, qui souvent font du couple car ils sont déjà champion de travail en solo.

Concernant mes chiens retenus, il s’agit de 2 Braques allemands : MARDY de la Diane du Drouvenant, né en 1996, qui est déjà champion d’automne solo, et OMAR du Mont des Epinettes né en 1998, qui ,très brillant en 2000,  gagnait régulièrement en solo si bien que , stratégiquement, je lui avait fait faire la fin de saison en couple, de manière à allonger sa carrière solo sur 2 saisons (car il faut savoir que les chiens n’ont plus le droit de courir en solo, lorsqu’ils ont obtenus 4 CAC ( Certificat d’Aptitude à être Champion) et qu’ils sont par là même champion..

La saison 2001 commence le 23 septembre, les chiens ont finis leur entraînement, et sont prêts pour la compétition. Mon équipe se compose de 11 chiens, 7 Braques allemands (dont Omar et Mardy); 1 Drahthaar ; 2 Setter anglais. Les dates des sélections  sont connues, celle des Braques le 19 octobre à Gujan-Mestras (Bassin d’Arcachon), celle de la SCC le 20 octobre à Escource (vers Dax). Entre temps, les chiens participeront à une vingtaine de concours dans toute la France en commençant par l’Auvergne ; la Normandie ;le bassin Parisien; la Picardie ; la Champagne ;la région Centre ; le Limousin ;à nouveau la haute Auvergne ; puis l’Aquitaine pour finir dans les Landes.

La saison se déroule suffisamment bien pour me rassurer, beaucoup de bons résultats dans les betteraves des grandes plaines. MARDY est top niveau, OMAR, encore un peu jeune est un ton en dessous, il manque de confiance en lui, et a parfois du mal à assurer les oiseaux qui piètent sous les betteraves qui sont particulièrement hautes cette année, mais je le sens évoluer.

La deuxième partie des épreuves nous rapproche des sélections, cela se déroule dans de belles forêts comme celle de Chinon, ou encore dans des régions montagneuses comme Aurillac, et le décor est splendide.

Mon équipe fonctionne, tous les chiens se classent régulièrement, surtout MARDY qui empile les CAC de couple, OMAR lui, a fini son championnat solo. Je le fais donc courir en couple, et je dois avouer qu’il éprouve quelques difficultés à apprendre son métier, pas avec les faisans, qu’il assure maintenant avec beaucoup d’autorité, mais dans l’organisation de sa quête. J’ai eu du travail pour le faire patronner (respecter l’arrêt de son concurrent) et cela se ressent. Il est un peu trop soucieux de l’autre, l’observe beaucoup, de peur de ne pas le voir arrêter et par là même, ne chasse pas à 100%, cela entache un peu les parcours, les juges en sont conscient et bien qu’il soit fidèle aux résultats, le classement s’en ressent. Il est vrai que ce chien vient d’avoir 3 ans seulement en août ,qu’il est un des plus jeunes à concourir en couple et surtout qu’il s’affronte à de vieux briscards.

Nous sommes maintenant le 16 octobre, la caravane des Field est arrivée dans les Landes, deux journées de répit entre les concours vont nous permettre d’entraîner les chiens dans le biotope Landais. C’est impératif, le sous bois est si serré par endroit, bruyère, ajoncs piquants, fougères épaisses que si vous ne montrez pas aux chiens que même dans un milieu aussi rébarbatif, il peut y avoir des faisans, c’est peine perdue de les présenter aux épreuves.

Dans le monde des dresseurs, la pression monte, chacun ou presque, possède dans son camion, un ou plusieurs chiens, d’une race ou d’une autre sélectionnable, et les conversations vont bon train. Des noms circulent déjà, des dresseurs sont soit disant incontournables dans ce genre d’épreuve. Les bons chiens du circuit sont déjà connus. En tout cas j’observe une chose, c’est que dans aucune conversation, on a évoqué ni mes chiens, ni moi.

Le 17 Octobre, premier concours sous les pins Landais à Gujan-Mestras. Je présente 8 chiens, je gagne 2 concours , obtient 2 CAC et 4 excellents ; Omar est éliminé, Mardy fait un 3eme prix excellent. Nous sommes la veille des sélections et l’ambiance générale n’est pas terrible, le climat est orageux, la pression monte toujours.

Le 18 octobre : sélection des Braques allemands. 15 chiens présents. L’épreuve du rapport à l’eau se passe bien pour tous. Nous voilà à présent sur le terrain, tirage au sort des couples et de l’ordre de passage. Apparemment les juges ont décidé de ne pas perdre de temps, les premiers couples sont vite exécutés. Voici mon tour avec Omar, il est en forme, il part vite , s’étend bien et s’aperçoit de suite qu’il domine son concurrent . Arrêt de Omar devant un sapin déraciné, patron de l’autre chien. Je m’avance et vois un coq sous les branches, je l’annonce au juge et à ce moment là, c’est un autre coq qui s’envole du même endroit (celui que je voyait, s’enfile et se cache sous les branches.) Le tireur fais tomber le faisan, mon chien est sage. Je précise au juge qu’il y a un 2ème oiseau qui risque de s’envoler lorsque je vais envoyer mon chien au rapport. Celui-ci n’y croit guère, me demande de faire rapporter, ce que je fais . Tout se passe bien, l’autre oiseau ne s’envole pas. Il faut maintenant découpler à nouveau. Je conseille à mon concurrent que l’on se recule suffisamment car il reste ce faisan sous l’arbre. Les chiens courent à nouveau, Omar part loin à gauche, alors que son concurrent retourne contrôler l’arbre déraciné, il s’enfile dessous, farfouille et n’en sort plus. Son conducteur s’approche et signale : « arrêt ». effectivement le chien est couché dans les bruyères et doit avoir le faisan au bout de son nez.

Aie-aie-aie, comment va faire Omar pour patronner, puisqu’on ne voit pas le chien ?   A ce moment là, la campane de Omar s’arrête loin à gauche, je vais au chien et le retrouve à l’arrêt, ouf, sauvé. Les oiseaux sont respectivement tirés et rapporté. On en finit là pour nous, mon concurrent n’est pas retenu, vu la mauvaise qualité de sa prise de point, moi , on me demande de rester sur la touche, car on voudrait voir mon chien patronner.

Au tour de Mardy, cela démarre fort, presque trop fort, Mardy est un grand sportif à la limite supérieure de ce que définit le standard de travail des Braques Allemands, en bref sa quête correspond plus à une quête de Pointer qu’à celle d’un Braque Allemand, certains juges adorent, d’autres font la grimace. En tous cas, pour moi, c’est un chien intelligent et efficace, chercheur et  trouveur. Il est loin sur la droite lorsque son concurrent qui ratisse devant prends un arrêt sous des fougères. Le juge nous demande de ne pas bouger et d’attendre que Mardy vienne au patron. La campane se rapproche, le chien nous voyant immobile, se doute de quelque chose, vient dans notre direction et se bloque à 5 mètres de nous, il ne peut patronner puisque son concurrent est masqué par un écran de fougères. Je vais à lui, et constate qu’il est à l’arrêt sur une poule que j’aperçois 2 mètres devant. Imaginez la scène, 2 chiens qui s’ignorent, sont à l’arrêt sur 2 oiseaux différents. Et à ce moment là, la poule arrêtée par le premier chien décolle. Les chiens sont sages. Les tireurs surpris ne tirent pas , et le juge d’un signe de la tète me demande de faire couler mon chien. Mardy n’est plus tendu sur son arrêt, il vient de voir voler un oiseau qu’il croit être le sien et lorsque je lui demande d’avancer, il repart en quête. Son mouvement fais voler la 2ème poule, mais derrière le chien, ce qui provoque son élimination.

M…., quelle déception, Roland, le propriétaire de Mardy est là et nous sommes consternés.

Omar, lui est rappelé à nouveau. Et comme si la laisse servait de cordon péritel, il a compris ce que j’éprouvais à ce moment précis et au découplé a sorti du « Grand OMAR ». Repris 3 fois avec 3 chiens différents, il n’a pas laissé une seule chance aux autres d’arrêter un faisan, il nous fait tirer 5 oiseaux, il est partout , à droite , à gauche, loin devant, et il ramasse tout en grand style. Je sens derrière moi les juges qui se régalent du spectacle. Seulement, eux ils voudraient le voir patronner….

Il a fallu faire une mise en scène, c’est à dire, hors de la vue du chien faire arrêter un oiseau mort par un chien et ensuite découpler Omar de manière à ce qu’il arrive dessus. Aucun problème, il a patronné.

Le soir au résultat, seulement 3 braques allemands sont présélectionnés pour la sélection Société Centrale Canine :Omar du Mont des Epinettes ,conducteur Fusillier ; Ness du Valat de Peret , conducteur Demetre; Jango du bois Chambray , Conducteur Herbelin.

Deuxième jour des sélections.

Les sélectionneurs nous informent que pour gagner du temps, le rapport à l’eau se fera après les épreuves sur terre.

A ce moment précis, la pression est à son maximum, tous les grands cabots Français sont là, épagneuls, griffons, braques, tous les grands dresseurs Français sont là également, la file de camion garée le long de l’allée forestière est impressionnante . Une trentaine de chiens vont s’affronter toute la journée et ce soir, seulement 4 formeront l’équipe de France. Contrairement à la veille, les couples ne sont pas tirés au sort, on y va quand on veut et avec qui on veut.

Le travail des sélectionneurs n’est pas aisé, car la qualité des chiens est surprenante, très peu d’erreur sont commises. Lorsque l’on demande aux candidats qui viennent de passer si cela a marcher, presque tous répondent «oui ».

Mon tour arrive, je barre avec un griffon Korthal réputé. Les chiens sont découplés, Omar est très brillant et très ordonné, le griffon qui est moins rapide n’est pas résolu à se laisser dominé et décide de quêter beaucoup plus en avant de manière à trouver le premier. Cela ne plait pas aux juges qui demande au conducteur de faire resserrer son chien. Beaucoup de coups de sifflet, et cela contrarie le Korthal . Entre temps, le vent tourne légèrement, Omar en profite pour remonter en grand style une émanation, arrêt ! son concurrent patronne. Le chien est servi, sage à l’envol et au feu, avec un excellent rapport très rapide, assis, et donné dans la main.   Ce sera tout pour nous, on nous demande de rester à la disposition des sélectionneurs.

Je suis rappelé en milieu d’après midi, pour concourir avec un épagneul breton. Le breton arrête un faisan, Omar patronne, plus loin Omar arrête une poule et le breton patronne. Les juges nous remercient, froidement , sans commentaires.

Voici l’heure de l’appel pour le rapport à l’eau, Omar fait partie des 15 chiens retenus. Aucun problème, l’eau est un de ses éléments préfères, de plus son rapport est spectaculaire et parfait.

Un grand moment de suspens se passe en attendant que soit annoncé la composition de l’équipe de France. Cela a lieu dans la salle des fêtes de Escource, une foule impressionnante est présente puisqu’ aujourd’hui , en plus des sélections, était organisé un concours ouvert pour races britanniques.

  • L’annonce se fait ainsi : « l’équipe de France de gibier tiré 2001 se composera de : Omar du Mont des épinettes ,braque allemand , conducteur Fusillier.
  •   Merlin de Corvée de la Carre, braque d’auvergne, conducteur Fuertès 
  •   Ness du Valat de Perret , braque allemand, conducteur Demètre 
  •   Mabrouk du bois de Vauchelles, épagneul breton, conducteur Bagot 
  •  remplaçant : Nath du bois de Vauchelles, épagneul breton, conducteur Harduin. ».

J’éprouve à ce moment là, une  joie intense, une énorme satisfaction personnelle, de la fierté et une énorme reconnaissance pour Omar qui progressivement a su supporter et assimiler les leçons pour arriver aujourd’hui à donner le meilleur de lui même. Je n’ai personne sur place, avec qui partager ses émotions et c’est rapidement que je téléphone à mon épouse, à mes amis, et au propriétaire de Omar.

Dans la foulée, l’organisation du championnat du monde nous prend en charge, à partir de maintenant, l’équipe de France est logée en hôtel particulier à DAX, nous avons un Coach qui va s’occuper de nous, nous motiver, et nous faire entraîner nos chiens, car la France doit gagner ! Il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti patriote.

Avant les épreuves du championnat du Monde qui auront lieu les 25 et 27 octobre, il y encore quelques jours de concours, une spéciale Drahthaar déjà, où ORLA gagne ses deux concours, 1er excellent en solo, CAC en couple. Ensuite un des plus beaux concours de la saison, celui de l’association des dresseurs à Escource. Il y a beaucoup de monde car les étrangers sont arrivés,  Mardy fait le CAC de couple, Pepette fait un CAC en solo et Noïs une RCAC .De surcroît, Pepette obtient le CACIT, ce qui représente la cerise sur le gâteau. J’ai la gagne, je sens les portes de la réussite s’ouvrir quotidiennement  devant moi depuis maintenant un bon moment et cela me donne un moral à toute épreuve.

Le 24 Octobre, en matinée : entraînement, Omar est au mieux de sa forme, j’ai confiance en lui, il le ressent, nous formons un vrai couple homme/chien. En après midi , c’est la cérémonie d’ouverture des 23ème championnat du monde, c’est grandiose. Les 17 nations sont présentées au public, hymnes nationaux, costumes, défilés, lâchers de gibier, lâchés de ballon, c’est un merveilleux moment de ma vie. Myriam, mon épouse, est venue me retrouver pour 24 heures seulement et fait quelques photos.  Cela fait quand même un mois qu’on ne s’est pas vu. A l’issue de la fête, a lieu le tirage au sort officiel des couples et de l’ordre de passage du premier jour de la compétition. Je vais concourir contre « Otis », un Drahthaar Italien et nous serons le premier couple à passer au matin (il parait que c’est un bon chien et que son conducteur est un vieux briscard) .

Premier jour des championnats du monde.
Je me surprends à être plutôt détendu, j’ai bien sûr la pression comme toujours en concours, mais normalement, sans surplus du à l’évènement. Bref,  je maîtrise tout bien et Omar le ressent, il est gai, en parfaite forme physique  et morale. Le Coach me fait ses dernières recommandations, nous partons sur le terrain, les 3 juges sont Belges, Espagnols et Italiens. Alors que la végétation est dense, mon concurrent ne met pas de cloche à son chien, d’après lui les chiens italiens n’y sont pas habitués. Voilà, les chiens sont découplés, Omar s’étend bien, Otis le drahthaar court bien également, mais sans cloche, j’ai du mal a toujours le situer. Au bout de quelques minutes l’italien signale un arrêt sur la gauche que je ne vois pas, dans le même temps Omar arrête en avant. Mon juge d‘aile réquisitionne un des deux tireurs qui partaient vers le chien italien, me demande de faire couler mon chien, une poule part, est tuée. Omar est sage, je l’envoie au rapport sur ordre du juge, « nickel », tout est parfait. Je raccroche mon chien et attends que l’action du chien italien se termine. Cela dure longtemps, de loin je vois l’attroupement des juges, tireurs conducteurs qui je suppose suivent le chien qui coule, rien ne vole, j’ai malgré tout entendu le chant d’un coq faisan qui apparemment préfère la fuite au sol .

Au bout de 5 minutes tout le monde revient vers moi, sans commentaires. On re déboucle, les chiens partent avec autant d’entrain, cela quête bien , et soudain le drahthaar arrête, Omar passe derrière lui sans le voir, donc sans le patronner, puis le patronne au lacet suivant.  L’italien fait couler son chien longtemps, trop longtemps au goût des juges qui lui demande de raccrocher. Apparemment ce chien est sensible de nez et ne remonte pas suffisamment à la viande pour nous montrer les oiseaux .

Relancé à nouveau, c’est Omar qui assure avec beaucoup d’autorité le point sur cet oiseau 70 mètres plus loin. Le drahthaar a plus que du mal à patronner et viens s’arrêter à coté de mon chien . Le faisan est tiré, Omar le rapporte très bien. Le jury fait faire un rapport à froid au chien italien, je ne comprends  pas tout….C’est en fini pour nous.

Le Coach qui a suivi le parcours me félicite et me dis que j’ai mis la barre haute. Pour moi, je suis classé et c’est l’essentiel. Tout au long de la journée, nous suivons les parcours, peu de chiens au classement en fait. Sans vouloir crier cocorico, je peux dire que peu de pays ont des chiens aussi bien dressé qu’en France, nos principaux rivaux en ce domaine étant les italiens, les espagnols, les portugais, après, c’est bien juste, même à ce niveau de compétition. Il faut dire que la forêt landaise est particulièrement giboyeuse ces jours ci et que trop d’oiseaux contribue souvent à faire péter les plombs aux chiens. 

Sur mon concours 7 chiens sont classés, sur l’autre, ils sont 9. Ces 16 chiens sont dirigés vers l’épreuve du rapport à l’eau et tous réussissent.

La France classe 3 chiens sur 4. Omar termine 2ème Excellent (9pts) de sa poule, on lui reproche son patron un peu laborieux pris en 2 temps. Il est battu par Astro, un épagneul breton du Portugal qui fait le CAC et la RCACIT (13pts). Sur l’autre poule c’est Triggen, un Langhar du Danemark qui fait le CAC et le CACIT (14pts) et Loft, un braque allemand du Portugal qui fait 2ème Excellent avec la RCAC (11pts).

Je me retrouve donc à l’issue de la 1ère journée, 4ème au classement général, c’est bien . La France est 2ème au classement par équipe avec 19 pts derrière le Portugal qui a classé ses 4 chiens et obtient 32 pts. Ils vont être dur à battre les portugais avec une avance pareille….

Entre les deux jours d’épreuve, un jour de battement pour entraîner les chiens et faire des photos avec les journalistes cynophiles présents sur le site. Pour mon compte personnel, je n’entraîne pas trop, mais passe un peu de temps dans la journée avec Omar . Le soir de cette journée, a lieu le tirage au sort pour le 2ème jour. Omar courra contre  « Brio », un épagneul breton (encore un italien), et ce sera le 2ème couple.

Deuxième journée des championnats du monde
Je suis confiant et détendu, conscient de ma place de 4ème où tous les espoirs sont permis, Omar est au mieux de sa forme et peut se classer aujourd’hui encore, car comme le dit souvent le Coach « les chiens bien placés seront ceux qui se classeront les 2 jours » .Le chien contre lequel je dois courir n’a pas été classé le premier jour, le temps est toujours au beau fixe, les conditions sont tout à fait favorables pour faire chasser des chiens. Le premier couple passe, rien de bien emballant, beaucoup de faisans, des fautes de la part des 2 chiens. Les 3 juges sont Croate, Danois et Français. Notre tour arrive, la forêt à cet endroit là est magnifique, pas trop sale, des grands pins avec en sous bois de la bruyère dense mais pas trop haute. Omar s’exprime parfaitement, loin sur les cotés, mais toujours à vue dans cette forêt claire, pas trop d’ouverture de quête car il a compris la densité de la bruyère. Brio, le breton italien est un chien qui ratisse bien devant, mais ne s’éloigne que peu de son conducteur. Au bout de quelques minutes, Omar qui domine complètement la situation arrête, le breton refuse le patron et son conducteur le raccroche. A ce moment là, mon regard croise celui du tireur qui va servir mon chien. Il est aussi tendu que moi, il connaît la situation et sait que cette action a une importance capitale. Une poule décolle, un coup de fusil claque rapidement, l’oiseau tombe, le chien est sage. Je me retourne, le juge Croate, d’un signe de la tête me signale que je peut commander le rapport. Comme à l’accoutumée, le chien s’exécute sans bavure.

Nous relançons, pendant que Omar est loin sur la gauche, le breton indique, puis remonte une émanation pour arrêter juste devant nous. C’est tout juste si on le voit dans les bruyères, mon cœur bat fort, pourvu que Omar n’ouvre pas trop son lacet et voit ce petit chien afin de le patronner à temps. La cloche se rapproche, Omar nous voyant immobile, se doute qu’il se passe quelque chose, il ralentit son galop et se vient se bloquer 3 mètres derrière le breton. Brio est servi, mais part au feu pour en fin de compte refuser le rapport, il choupille ce faisan, le prend en gueule, mais hésite à revenir vers son conducteur, car il sait bien qu’il est parti avant l’ordre  et craint une correction. Cela dure assez longtemps , la montre tourne en  ma faveur. Effectivement, j’ai un brillant parcours avec un point et un patron et cela me suffirait. Brio a du le comprendre car il ne rapportera le faisan qu ‘après la fin du temps réglementaire et les juges nous arrête sur cette action.

J’en ai fini avec ces championnats du monde,  soulagé, bien sur il me restera l ‘épreuve du rapport à l’eau, mais à moins d’une catastrophe, je suis sur de mon chien.

Maintenant il importe de savoir quel parcours vont faire Triggen le Langhar ; Astro le Breton et Loft le braque. Pour Astro, je peux suivre le parcours, il se fait éliminer par 14 faisans qui se sont regroupé et qui partent tout autour de lui sans que celui-ci ait pu en arrêter un correctement, alors que depuis quelques minutes il les pistait des plus sérieusement du monde.

Triggen et Loft sont sur l’autre poule, j’ai des informations comme quoi cela n’a pas marché pour eux, mais cela se démentit très rapidement, en fait rien d’officiel . Même après le rapport à l’eau, nous n’e savons guère plus, Triggen a participé au rapport à l’eau, donc il est classé, mais à quel niveau ?

Une nouvelle officielle tombe, sur ma poule , c’est Omar qui gagne et fait le CAC !

Youpie, c’est l’euphorie, Merlin l’autre chien français de ma série fait un très bon. On connaît encore pas les résultats de l’autre série. Quel suspens ….

A 18 heures trente, le jury annonce qu’il n’y aurait pas de barrage final car il n’y a pas de CAC sur l’autre poule, le meilleur chien étant Mabrouk le breton français avec un premier prix très bon.

Je n’en crois pas mes oreilles, tout s’agite dans ma tête, étant le seul à décrocher un CAC, j’obtenais ainsi le CACIT du 2ème jour, soit 14 pts ajoutés aux 9pts du 1er jour soit 23pts je ne pouvais être battu par personne. Je réfléchis à nouveau, je recompte , mais oui j’ai bien raison….Déjà le Coach est vers moi et m’embrasse, il a fait le même calcul, les autres réagissent et c’est l’euphorie, « tu es champion du monde, vieux, tu es champion du monde » Bravo Dédé, bravo Omar . Les larmes me viennent aux yeux, j’en ai les frissons…..Champion du monde…. Congratulations, Félicitations , bousculade, triomphe . Le coach recompte les points logiquement on doit également gagner par équipe, les portugais n’ont classé aucun chien le 2ème jour, nous en avons classé 3 sur 4 et totalisons ainsi 41 pts (Omar en apporte 23).

C’est la fête, le gala de clôture des championnats du monde sera un grand moment, hormis les discours officiel et les récompenses liées à l’évènement, ce seront 600 personnes de 17 nations différentes qui feront une bringue sans précédent, le slogan de l’équipe de France sera crié dans toutes les langues « Elle est pas belle la vie ? » . Joie, danses, chants, continueront jusqu’à 4 heures du matin jusqu’à ce que l’on se dise : « mais hé les gars ce n’est pas demain la coupe de France ? »

Et Dédé Hardouin de me glisser à l’oreille," va vite te coucher car avec le clébard que tu as, tu peux la gagner aussi celle là."