
L'histoire de mes Championnats du Monde
Tout commence en 2000 avec la saison de Field
Trial d’automne (communément appelée gibier tiré).
Mon équipe de Braque allemand ; Drahthaar a été
excellente et s’est placée au meilleur niveau. Pour ma première saison
en tant que dresseur professionnel, c’est une réussite.
Il y a donc une certitude, j’aurai des chiens à présenter
aux sélections de club de race en vue des championnats du Monde 2001.
Le règlement en est le suivant : chaque club de
race demande aux 15 meilleurs chiens de l’année précédente de se
confronter sur le terrain (présélection), et à l’issue, en retient 4,
qui eux iront à la sélection de la société Canine se mesurer aux chiens
retenus dans les autres races, afin de former ainsi, l’équipe de
France qui est composée des 4 meilleurs chiens Français toute races
confondues. Cette équipe de France affrontera les autres nations.
En tant que jeune dresseur professionnel, c’est
pour moi d’une grande importance que de participer à cette présélection,
cela va concrétiser mon travail, et
confirmer également à mes clients, qu’ils ont raison de me faire
confiance pour le dressage de leur chien, mais aussi pour leur préparation
et présentation en Field Trial.
Mais l’heure n’est pas à cette présélection,
puisque nous sommes en novembre 2000 et que ces épreuves auront lieu en
octobre 2001.
Entre temps, la réglementation se durcit, et la Société
Centrale Canine impose que les chiens aient obtenus 2 classements « excellent »
en concours de couple pour faire partie de la sélection. Cela réduit
considérablement le nombre de chiens en liste, car cette exigence, privilégie
les vieux chiens, qui souvent font du couple car ils sont déjà champion de
travail en solo.
Concernant mes chiens retenus, il s’agit de 2
Braques allemands : MARDY de la Diane du Drouvenant, né en 1996, qui
est déjà champion d’automne solo, et OMAR du Mont des Epinettes né en
1998, qui ,très brillant en 2000, gagnait
régulièrement en solo si bien que , stratégiquement, je lui avait fait
faire la fin de saison en couple, de manière à allonger sa carrière solo
sur 2 saisons (car il faut savoir que les chiens n’ont plus le droit de
courir en solo, lorsqu’ils ont obtenus 4 CAC ( Certificat d’Aptitude à
être Champion) et qu’ils sont par là même champion..
La saison 2001 commence le 23 septembre, les
chiens ont finis leur entraînement, et sont prêts pour la compétition.
Mon équipe se compose de 11 chiens, 7 Braques allemands (dont Omar et
Mardy); 1 Drahthaar ; 2 Setter anglais. Les dates des sélections
sont connues, celle des Braques le 19 octobre à Gujan-Mestras (Bassin d’Arcachon),
celle de la SCC le 20 octobre à Escource (vers Dax). Entre temps, les
chiens participeront à une vingtaine de concours dans toute la France en
commençant par l’Auvergne ; la Normandie ;le bassin Parisien;
la Picardie ; la Champagne ;la région Centre ; le Limousin ;à
nouveau la haute Auvergne ; puis l’Aquitaine pour finir dans les
Landes.
La saison se déroule suffisamment bien pour me
rassurer, beaucoup de bons résultats dans les betteraves des grandes
plaines. MARDY est top niveau, OMAR, encore un peu jeune est un ton en
dessous, il manque de confiance en lui, et a parfois du mal à assurer les
oiseaux qui piètent sous les betteraves qui sont particulièrement hautes
cette année, mais je le sens évoluer.
La deuxième partie des épreuves nous rapproche des
sélections, cela se déroule dans de belles forêts comme celle de Chinon,
ou encore dans des régions montagneuses comme Aurillac, et le décor est
splendide.
Mon équipe fonctionne, tous les chiens se classent régulièrement,
surtout MARDY qui empile les CAC de couple, OMAR lui, a fini son championnat
solo. Je le fais donc courir en couple, et je dois avouer qu’il éprouve
quelques difficultés à apprendre son métier, pas avec les faisans,
qu’il assure maintenant avec beaucoup d’autorité, mais dans
l’organisation de sa quête. J’ai eu du travail pour le faire patronner
(respecter l’arrêt de son concurrent) et cela se ressent. Il est un peu
trop soucieux de l’autre, l’observe beaucoup, de peur de ne pas le voir
arrêter et par là même, ne chasse pas à 100%, cela entache un peu les
parcours, les juges en sont conscient et bien qu’il soit fidèle aux résultats,
le classement s’en ressent. Il est vrai que ce chien vient d’avoir 3 ans
seulement en août ,qu’il est un des plus jeunes à concourir en couple et
surtout qu’il s’affronte à de vieux briscards.
Nous sommes maintenant le 16 octobre, la caravane des
Field est arrivée dans les Landes, deux journées de répit entre les
concours vont nous permettre d’entraîner les chiens dans le biotope
Landais. C’est impératif, le sous bois est si serré par endroit, bruyère,
ajoncs piquants, fougères épaisses que si vous ne montrez pas aux chiens
que même dans un milieu aussi rébarbatif, il peut y avoir des faisans,
c’est peine perdue de les présenter aux épreuves.
Dans le monde des dresseurs, la pression monte,
chacun ou presque, possède dans son camion, un ou plusieurs chiens, d’une
race ou d’une autre sélectionnable, et les conversations vont bon train.
Des noms circulent déjà, des dresseurs sont soit disant incontournables
dans ce genre d’épreuve. Les bons chiens du circuit sont déjà connus.
En tout cas j’observe une chose, c’est que dans aucune conversation, on
a évoqué ni mes chiens, ni moi.
Le
17
Octobre, premier concours sous les pins Landais
à Gujan-Mestras. Je présente 8 chiens, je gagne 2 concours , obtient 2 CAC
et 4 excellents ; Omar est éliminé, Mardy fait un 3eme prix
excellent. Nous sommes la veille des sélections et l’ambiance générale
n’est pas terrible, le climat est orageux, la pression monte toujours.
Le
18 octobre : sélection des Braques allemands.
15 chiens présents. L’épreuve du rapport à l’eau se passe bien pour
tous. Nous voilà à présent sur le terrain, tirage au sort des couples et
de l’ordre de passage. Apparemment les juges ont décidé de ne pas perdre
de temps, les premiers couples sont vite exécutés. Voici mon tour avec
Omar, il est en forme, il part vite , s’étend bien et s’aperçoit de
suite qu’il domine son concurrent . Arrêt de Omar devant un sapin déraciné,
patron de l’autre chien. Je m’avance et vois un coq sous les branches,
je l’annonce au juge et à ce moment là, c’est un autre coq qui
s’envole du même endroit (celui que je voyait, s’enfile et se cache
sous les branches.) Le tireur fais tomber le faisan, mon chien est sage. Je
précise au juge qu’il y a un 2ème oiseau qui risque de
s’envoler lorsque je vais envoyer mon chien au rapport. Celui-ci n’y
croit guère, me demande de faire rapporter, ce que je fais . Tout se passe
bien, l’autre oiseau ne s’envole pas. Il faut maintenant découpler à
nouveau. Je conseille à mon concurrent que l’on se recule suffisamment
car il reste ce faisan sous l’arbre. Les chiens courent à nouveau, Omar
part loin à gauche, alors que son concurrent retourne contrôler l’arbre
déraciné, il s’enfile dessous, farfouille et n’en sort plus. Son
conducteur s’approche et signale : « arrêt ».
effectivement le chien est couché dans les bruyères et doit avoir le
faisan au bout de son nez.
Aie-aie-aie, comment va faire Omar pour patronner,
puisqu’on ne voit pas le chien ?
A ce moment là, la campane de Omar s’arrête loin à gauche, je
vais au chien et le retrouve à l’arrêt, ouf, sauvé. Les oiseaux sont
respectivement tirés et rapporté. On en finit là pour nous, mon
concurrent n’est pas retenu, vu la mauvaise qualité de sa prise de point,
moi , on me demande de rester sur la touche, car on voudrait voir mon chien
patronner.
Au tour de Mardy, cela démarre fort, presque trop
fort, Mardy est un grand sportif à la limite supérieure de ce que définit
le standard de travail des Braques Allemands, en bref sa quête correspond
plus à une quête de Pointer qu’à celle d’un Braque Allemand, certains
juges adorent, d’autres font la grimace. En tous cas, pour moi, c’est un
chien intelligent et efficace, chercheur et
trouveur. Il est loin sur la droite lorsque son concurrent qui
ratisse devant prends un arrêt sous des fougères. Le juge nous demande de
ne pas bouger et d’attendre que Mardy vienne au patron. La campane se
rapproche, le chien nous voyant immobile, se doute de quelque chose, vient
dans notre direction et se bloque à 5 mètres de nous, il ne peut patronner
puisque son concurrent est masqué par un écran de fougères. Je vais à
lui, et constate qu’il est à l’arrêt sur une poule que j’aperçois 2
mètres devant. Imaginez la scène, 2 chiens qui s’ignorent, sont à
l’arrêt sur 2 oiseaux différents. Et à ce moment là, la poule arrêtée
par le premier chien décolle. Les chiens sont sages. Les tireurs surpris ne
tirent pas , et le juge d’un signe de la tète me demande de faire couler
mon chien. Mardy n’est plus tendu sur son arrêt, il vient de voir voler
un oiseau qu’il croit être le sien et lorsque je lui demande d’avancer,
il repart en quête. Son mouvement fais voler la 2ème poule,
mais derrière le chien, ce qui provoque son élimination.
M…., quelle déception, Roland, le propriétaire de
Mardy est là et nous sommes consternés.
Omar, lui est rappelé à nouveau. Et comme si la
laisse servait de cordon péritel, il a compris ce que j’éprouvais à ce
moment précis et au découplé a sorti du « Grand OMAR ».
Repris 3 fois avec 3 chiens différents, il n’a pas laissé une seule
chance aux autres d’arrêter un faisan, il nous fait tirer 5 oiseaux, il
est partout , à droite , à gauche, loin devant, et il ramasse tout en
grand style. Je sens derrière moi les juges qui se régalent du spectacle.
Seulement, eux ils voudraient le voir patronner….
Il a fallu faire une mise en scène, c’est à dire,
hors de la vue du chien faire arrêter un oiseau mort par un chien et
ensuite découpler Omar de manière à ce qu’il arrive dessus. Aucun problème,
il a patronné.
Le soir au résultat, seulement 3 braques allemands
sont présélectionnés pour la sélection Société Centrale Canine :Omar
du Mont des Epinettes ,conducteur Fusillier ; Ness du Valat de
Peret , conducteur Demetre; Jango du bois Chambray ,
Conducteur Herbelin.
Deuxième jour des sélections.
Les sélectionneurs nous informent que pour gagner du
temps, le rapport à l’eau se fera après les épreuves sur terre.
A ce moment précis, la pression est à son maximum,
tous les grands cabots Français sont là, épagneuls, griffons, braques,
tous les grands dresseurs Français sont là également, la file de camion
garée le long de l’allée forestière est impressionnante . Une trentaine
de chiens vont s’affronter toute la journée et ce soir, seulement 4
formeront l’équipe de France. Contrairement à la veille, les couples ne
sont pas tirés au sort, on y va quand on veut et avec qui on veut.
Le travail des sélectionneurs n’est pas aisé, car
la qualité des chiens est surprenante, très peu d’erreur sont commises.
Lorsque l’on demande aux candidats qui viennent de passer si cela a
marcher, presque tous répondent «oui ».
Mon tour arrive, je barre avec un griffon Korthal réputé.
Les chiens sont découplés, Omar est très brillant et très ordonné, le
griffon qui est moins rapide n’est pas résolu à se laisser dominé et décide
de quêter beaucoup plus en avant de manière à trouver le premier. Cela ne
plait pas aux juges qui demande au conducteur de faire resserrer son chien.
Beaucoup de coups de sifflet, et cela contrarie le Korthal . Entre temps, le
vent tourne légèrement, Omar en profite pour remonter en grand style une
émanation, arrêt ! son concurrent patronne. Le chien est servi, sage
à l’envol et au feu, avec un excellent rapport très rapide, assis, et
donné dans la main. Ce
sera tout pour nous, on nous demande de rester à la disposition des sélectionneurs.
Je suis rappelé en milieu d’après midi, pour
concourir avec un épagneul breton. Le breton arrête un faisan, Omar
patronne, plus loin Omar arrête une poule et le breton patronne. Les juges
nous remercient, froidement , sans commentaires.
Voici l’heure de l’appel pour le rapport à
l’eau, Omar fait partie des 15 chiens retenus. Aucun problème, l’eau
est un de ses éléments préfères, de plus son rapport est spectaculaire
et parfait.
Un grand moment de suspens se passe en attendant que
soit annoncé la composition de l’équipe de France. Cela a lieu dans la
salle des fêtes de Escource, une foule impressionnante est présente
puisqu’ aujourd’hui , en plus des sélections, était organisé un
concours ouvert pour races britanniques.
L’annonce se fait ainsi : « l’équipe
de France de gibier tiré 2001 se composera de : Omar du Mont des
épinettes ,braque allemand , conducteur Fusillier.
- Merlin
de Corvée de la Carre, braque d’auvergne, conducteur Fuertès
- Ness
du Valat de Perret , braque allemand, conducteur Demètre
- Mabrouk
du bois de Vauchelles, épagneul breton, conducteur Bagot
- remplaçant :
Nath du bois de Vauchelles, épagneul breton, conducteur Harduin. ».
J’éprouve à ce moment là, une joie
intense, une énorme satisfaction personnelle, de la fierté et une énorme
reconnaissance pour Omar qui progressivement a su supporter et assimiler les
leçons pour arriver aujourd’hui à donner le meilleur de lui même. Je
n’ai personne sur place, avec qui partager ses émotions et c’est
rapidement que je téléphone à mon épouse, à mes amis, et au propriétaire
de Omar.
Dans la foulée, l’organisation du championnat du
monde nous prend en charge, à partir de maintenant, l’équipe de France
est logée en hôtel particulier à DAX, nous avons un Coach qui va
s’occuper de nous, nous motiver, et nous faire entraîner nos chiens, car
la France doit gagner ! Il y avait longtemps que je ne m’étais pas
senti patriote.
Avant les épreuves du championnat du Monde qui
auront lieu les 25 et 27 octobre, il y encore quelques jours de concours,
une spéciale Drahthaar déjà, où ORLA gagne ses deux concours, 1er
excellent en solo, CAC en couple. Ensuite un des plus beaux concours de la
saison, celui de l’association des dresseurs à Escource. Il y a beaucoup
de monde car les étrangers sont arrivés,
Mardy fait le CAC de couple, Pepette fait un CAC en solo et Noïs une
RCAC .De surcroît, Pepette obtient le CACIT, ce qui représente la cerise
sur le gâteau. J’ai la gagne, je sens les portes de la réussite
s’ouvrir quotidiennement devant
moi depuis maintenant un bon moment et cela me donne un moral à toute épreuve.
Le 24 Octobre, en matinée : entraînement, Omar
est au mieux de sa forme, j’ai confiance en lui, il le ressent, nous
formons un vrai couple homme/chien. En après midi , c’est la cérémonie
d’ouverture des 23ème championnat du monde, c’est grandiose.
Les 17 nations sont présentées au public, hymnes nationaux, costumes, défilés,
lâchers de gibier, lâchés de ballon, c’est un merveilleux moment de ma
vie. Myriam, mon épouse, est venue me retrouver pour 24 heures seulement et
fait quelques photos. Cela fait
quand même un mois qu’on ne s’est pas vu. A l’issue de la fête, a
lieu le tirage au sort officiel des couples et de l’ordre de passage du
premier jour de la compétition. Je vais concourir contre « Otis »,
un Drahthaar Italien et nous serons le premier couple à passer au matin (il
parait que c’est un bon chien et que son conducteur est un vieux briscard)
.
Premier jour des championnats du monde.

Je me
surprends à être plutôt détendu, j’ai bien sûr la pression comme
toujours en concours, mais normalement, sans surplus du à l’évènement.
Bref, je maîtrise tout bien et
Omar le ressent, il est gai, en parfaite forme physique
et morale. Le Coach me fait ses dernières recommandations, nous
partons sur le terrain, les 3 juges sont Belges, Espagnols et Italiens.
Alors que la végétation est dense, mon concurrent ne met pas de cloche à
son chien, d’après lui les chiens italiens n’y sont pas habitués. Voilà,
les chiens sont découplés, Omar s’étend bien, Otis le drahthaar court
bien également, mais sans cloche, j’ai du mal a toujours le situer. Au
bout de quelques minutes l’italien signale un arrêt sur la gauche que je
ne vois pas, dans le même temps Omar arrête en avant. Mon juge d‘aile réquisitionne
un des deux tireurs qui partaient vers le chien italien, me demande de faire
couler mon chien, une poule part, est tuée. Omar est sage, je l’envoie au
rapport sur ordre du juge, « nickel », tout est parfait. Je
raccroche mon chien et attends que l’action du chien italien se termine.
Cela dure longtemps, de loin je vois l’attroupement des juges, tireurs
conducteurs qui je suppose suivent le chien qui coule, rien ne vole, j’ai
malgré tout entendu le chant d’un coq faisan qui apparemment préfère la
fuite au sol .
Au bout de 5 minutes tout le monde revient vers moi,
sans commentaires. On re déboucle, les chiens partent avec autant
d’entrain, cela quête bien , et soudain le drahthaar arrête, Omar passe
derrière lui sans le voir, donc sans le patronner, puis le patronne au
lacet suivant. L’italien fait
couler son chien longtemps, trop longtemps au goût des juges qui lui
demande de raccrocher. Apparemment ce chien est sensible de nez et ne
remonte pas suffisamment à la viande pour nous montrer les oiseaux .
Relancé à nouveau, c’est Omar qui assure avec
beaucoup d’autorité le point sur cet oiseau 70 mètres plus loin. Le
drahthaar a plus que du mal à patronner et viens s’arrêter à coté de
mon chien . Le faisan est tiré, Omar le rapporte très bien. Le jury fait
faire un rapport à froid au chien italien, je ne comprends
pas tout….C’est en fini pour nous.
Le
Coach qui a suivi le parcours me félicite et me
dis que j’ai mis la barre haute. Pour moi, je suis classé et c’est
l’essentiel. Tout au long de la journée, nous suivons les parcours, peu
de chiens au classement en fait. Sans vouloir crier cocorico, je peux dire
que peu de pays ont des chiens aussi bien dressé qu’en France, nos
principaux rivaux en ce domaine étant les italiens, les espagnols, les
portugais, après, c’est bien juste, même à ce niveau de compétition.
Il faut dire que la forêt landaise est particulièrement giboyeuse ces
jours ci et que trop d’oiseaux contribue souvent à faire péter les plombs
aux chiens.
Sur mon concours 7 chiens sont classés, sur
l’autre, ils sont 9. Ces 16 chiens sont dirigés vers l’épreuve du
rapport à l’eau et tous réussissent.
La France classe 3 chiens sur 4. Omar termine 2ème
Excellent (9pts) de sa poule, on lui reproche son patron un peu laborieux
pris en 2 temps. Il est battu par Astro, un épagneul breton du Portugal qui
fait le CAC et la RCACIT (13pts). Sur l’autre poule c’est Triggen, un
Langhar du Danemark qui fait le CAC et le CACIT (14pts) et Loft, un braque
allemand du Portugal qui fait 2ème Excellent avec la RCAC
(11pts).
Je me retrouve donc à l’issue de la 1ère
journée, 4ème au classement général, c’est bien . La France
est 2ème au classement par équipe avec 19 pts derrière le
Portugal qui a classé ses 4 chiens et obtient 32 pts. Ils vont être dur à
battre les portugais avec une avance pareille….
Entre les deux jours d’épreuve, un jour de
battement pour entraîner les chiens et faire des photos avec les
journalistes cynophiles présents sur le site. Pour mon compte personnel, je
n’entraîne pas trop, mais passe un peu de temps dans la journée avec
Omar . Le soir de cette journée, a lieu le tirage au sort pour le 2ème
jour. Omar courra contre « Brio », un épagneul breton
(encore un italien), et ce sera le 2ème couple.
Deuxième journée des championnats du monde.

Je suis confiant et détendu, conscient de ma place de 4ème où
tous les espoirs sont permis, Omar est au mieux de sa forme et peut se
classer aujourd’hui encore, car comme le dit souvent le Coach « les
chiens bien placés seront ceux qui se classeront les 2 jours »
.Le chien contre lequel je dois courir n’a pas été classé le premier
jour, le temps est toujours au beau fixe, les conditions sont tout à fait
favorables pour faire chasser des chiens. Le premier couple passe, rien de
bien emballant, beaucoup de faisans, des fautes de la part des 2 chiens. Les
3 juges sont Croate, Danois et Français. Notre tour arrive, la forêt à
cet endroit là est magnifique, pas trop sale, des grands pins avec en sous
bois de la bruyère dense mais pas trop haute. Omar s’exprime
parfaitement, loin sur les cotés, mais toujours à vue dans cette forêt
claire, pas trop d’ouverture de quête car il a compris la densité de la
bruyère. Brio, le breton italien est un chien qui ratisse bien devant, mais
ne s’éloigne que peu de son conducteur. Au bout de quelques minutes, Omar
qui domine complètement la situation arrête, le breton refuse le patron et
son conducteur le raccroche. A ce moment là, mon regard croise celui du
tireur qui va servir mon chien. Il est aussi tendu que moi, il connaît la
situation et sait que cette action a une importance capitale. Une poule décolle,
un coup de fusil claque rapidement, l’oiseau tombe, le chien est sage. Je
me retourne, le juge Croate, d’un signe de la tête me signale que je peut
commander le rapport. Comme à l’accoutumée, le chien s’exécute sans
bavure.
Nous relançons, pendant que Omar est loin sur la
gauche, le breton indique, puis remonte une émanation pour arrêter juste
devant nous. C’est tout juste si on le voit dans les bruyères, mon cœur
bat fort, pourvu que Omar n’ouvre pas trop son lacet et voit ce petit
chien afin de le patronner à temps. La cloche se rapproche, Omar nous
voyant immobile, se doute qu’il se passe quelque chose, il ralentit son
galop et se vient se bloquer 3 mètres derrière le breton. Brio est servi,
mais part au feu pour en fin de compte refuser le rapport, il choupille ce
faisan, le prend en gueule, mais hésite à revenir vers son conducteur, car
il sait bien qu’il est parti avant l’ordre
et craint une correction. Cela dure assez longtemps , la montre
tourne en ma faveur.
Effectivement, j’ai un brillant parcours avec un point et un patron et
cela me suffirait. Brio a du le comprendre car il ne rapportera le faisan qu ‘après
la fin du temps réglementaire et les juges nous arrête sur cette action.
J’en ai fini avec ces championnats du
monde, soulagé, bien sur il me restera l ‘épreuve du rapport à l’eau,
mais à moins d’une catastrophe, je suis sur de mon chien.
Maintenant il importe de savoir quel parcours vont
faire Triggen le Langhar ; Astro le Breton et Loft le braque. Pour
Astro, je peux suivre le parcours, il se fait éliminer par 14 faisans qui
se sont regroupé et qui partent tout autour de lui sans que celui-ci ait pu
en arrêter un correctement, alors que depuis quelques minutes il les
pistait des plus sérieusement du monde.
Triggen et Loft sont sur l’autre poule, j’ai des
informations comme quoi cela n’a pas marché pour eux, mais cela se démentit
très rapidement, en fait rien d’officiel . Même après le rapport
à l’eau, nous n’e savons guère plus, Triggen a participé au rapport
à l’eau, donc il est classé, mais à quel niveau ?
Une nouvelle officielle tombe, sur ma poule , c’est
Omar qui gagne et fait le CAC !
Youpie, c’est l’euphorie, Merlin l’autre chien
français de ma série fait un très bon. On connaît encore pas les résultats
de l’autre série. Quel suspens ….
A 18 heures trente, le jury annonce qu’il n’y
aurait pas de barrage final car il n’y a pas de CAC sur l’autre poule,
le meilleur chien étant Mabrouk le breton français avec un premier prix très
bon.
 Je n’en crois pas mes oreilles, tout s’agite dans
ma tête, étant le seul à décrocher un CAC, j’obtenais ainsi le CACIT
du 2ème jour, soit 14 pts ajoutés aux 9pts du 1er
jour soit 23pts je ne pouvais être battu par personne. Je réfléchis à
nouveau, je recompte , mais oui j’ai bien raison….Déjà le Coach est
vers moi et m’embrasse, il a fait le même calcul, les autres réagissent
et c’est l’euphorie, « tu es champion du monde, vieux, tu es
champion du monde » Bravo Dédé, bravo Omar . Les larmes me viennent
aux yeux, j’en ai les frissons…..Champion du monde…. Congratulations,
Félicitations , bousculade, triomphe . Le coach recompte les points
logiquement on doit également gagner par équipe, les portugais n’ont
classé aucun chien le 2ème jour, nous en avons classé 3 sur 4
et totalisons ainsi 41 pts (Omar en apporte 23).
C’est la fête, le gala de clôture des
championnats du monde sera un grand moment, hormis les discours officiel et
les récompenses liées à l’évènement, ce seront 600 personnes de 17
nations différentes qui feront une bringue sans précédent, le slogan de
l’équipe de France sera crié dans toutes les langues « Elle
est pas belle la vie ? » . Joie, danses, chants,
continueront jusqu’à 4 heures du matin jusqu’à ce que l’on se dise : « mais
hé les gars ce n’est pas demain la coupe de France ? »
Et Dédé
Hardouin de me glisser à l’oreille," va
vite te coucher car avec le clébard que tu as, tu peux la gagner aussi
celle là."
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